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Ziegler, le parrain du Dianabol

Depuis les années 50 de nombreux athlètes ont recours aux stéroïdes anabolisants.

Mais savez-vous qui est le premier homme qui a contribué à la propagation et popularisation du dopage hormonal ?

C’est le médecin et pratiquant d’haltérophilie John Bosley Ziegler. Il fut le premier à introduire le Dianabol dans l’arsenal chimique des haltérophiles et bodybuilders.

Le Dianabol devient une substance populaire qui sera qualifié par la suite de « breakfast of Champions » par le célèbre Arnold Schwarzenegger.

John Bosley Ziegler, médecin et haltérophile

John B. Ziegler sert comme officier dans le Corps des Marines des États-Unis dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale. Il subit de nombreuses blessures par balle. Son expérience de chirurgie et de convalescence le conduit à une spécialité en médecine réparatrice à l’Université de Maryland Medical School. Puis il pratique dans des hôpitaux de la Marine à Norfolk en Virginie et Mobile Alabama, suivi de deux ans en neurologie à l’École de médecine de l’Université Tulane à la Nouvelle-Orléans. En 1954, il s’installe à Olney, au Maryland et se spécialise dans le traitement des patients handicapés et gravement blessés.

Ziegler dirige des recherches en chimie dans une société appelé Ciba Pharamaceuticals. Parrallèlement « Montana Jack » comme on le surnomme est un adepte d’haltérophilie et de musculation. Durant ses séances, il se lie d’amitié avec de nombreux bodybuilders qu’il fréquente au York Barbell Club, comme John Grimek.

Le York Barbell Club était un club célèbre dans les années 50 dirigé par le mentor Bob Hoffman. Bob Hoffman a concouru au côté de Joe Weider, Charles Atlas pour le titre de Mr Amérique. Il dit être fier d’être un « bâtisseur d’homme » dans son livre Weight Lifting de 1939. De nombreux athlètes ont été « bâtis » par Bob Hoffman comme le célèbre homme fort Paul Anderson, John Davis ou le tou autant célèbre John Grimek.

Hoffman pense que les références scientifiques de Ziegler peuvent s’avérer utiles pour compléter ses théories de bodybuilding, et Ziegler devint bientôt une partie vitale de l’entourage du York Barbell Club.

Le dopage russe, la révélation pour Ziegler

En 1954, Ziegler se rend avec des amis de York aux championnats du monde d’haltérophilie à Vienne, en Autriche. Il est impressionné par les performances des russes et se pose des questions en voyant ces corps surdimensionnés avec une pilosité accrue malgré leur jeune âge.

Ziegler veut en savoir plus et invite le médecin de l’équipe de l’URSS dans une taverne locale. Selon Ziegler, le soviétique, bien éméché, lui a révélé que ses athlètes construisaient leurs muscles avec de la testostérone. La testostérone agit à la fois sur le développement musculaire et stimule la croissance et les organes sexuels à développement androgénique, ainsi que d’autres caractéristiques sexuelles. Lorsque la production naturelle du corps est complétée par un apport exogène (testostérone en injections ou comprimés), les utilisateurs éprouvent à la fois des gains de force rapides mais aussi des déséquilibres hormonaux qui se répercutent sur le corps.

À son retour aux États-Unis, Ziegler commence à administrer des injections de testostérone sur lui, Hoffman et des haltérophiles de York sélectionnés (John Grimek, Jim Park et Yaz Kuzahara). Mais ces expériences se sont avérées insatisfaisantes : les gains de force étaient bien présents mais les athlètes se sont plaints d’effets secondaires.

Ziegler se penche alors sur le développement d’une substance de synthèse avec des attributs similaire à la testostérone exogène, mais avec moins d’effets secondaires. Travailler à CIBA lui permet d’avoir accès à des publications provenant d’Allemagne, confisquées par les Etats-Unis après la guerre, où des expériences avec la testostérone avaient été menées par les nazis. Sa collaboration avec Ciba Pharmaceuticals lui permet, en 1958, de créer le methandrostenolone, que la société va  commercialiser sous le nom de Dianabol.

Le Dianabol change la donne

Dianabol, qui est communément considéré comme l’un des premiers stéroïdes anabolisants dans le monde, a été le plus souvent administré pour aider les victimes de brûlures et les personnes âgées. Ziegler le teste sur lui-même et les effets sont concluants. Les bodybuilders prenant connaissance de cette pilule magique, ne vont pas hésiter à s’auto administrer ce stéroïde oral.

Ziegler est le pionnier de son utilisation athlétique comme aide à la croissance musculaire chez les bodybuilders. Médecin de l’équipe d’haltérophilie des Etats-Unis, il l’administre au champion américain Bill March du club York Barbell en 1959.

Bob Hoffman et ses bodybuilders étaient déjà habitués à utiliser des suppléments et autres substances pour aider à progresser. Bob Hoffman faisait prendre aux membres de Barbell York une poudre protéinée à base de soja nommée Hi-Proteen. Les membres du York étaient des gros consommateurs de cet aliment pour sportifs. Il n’a pas fallu beaucoup de persuasion pour qu’ils essayent les pilules de John Ziegler. Les résultats sont fulgurants sur les performances et la condition physique.

Au début des années 1960, les athlètes de York deviennent les plus costauds du pays. Bob Hoffman attribue ces résultats à un nouveau régime d’entraînement appelé contraction isométrique, mais la vérité est dans la pilule rose et cela va se savoir bientôt.

Le powerlifter Terry Todd essaie la méthode de la contraction isométrique mais ne progresse pas alors il se retourne vers les athlètes de York afin de connaitre le secret de leur progrès. Terry Todd dira dans Sports Illustrated en 1983 : « Finalement, ils m’ont montré une petite bouteille brune qui contenait 100 comprimés de cinq milligrammes de Dianabol. C’est le secret, m’ont-ils dit ».

Ziegler donne du Dianabol à toute l’équipe américaine d’haltérophilie olympique à Rome en 1960, mais ils perdent malgré tout face aux Soviétiques.

Les haltérophiles et d’autres athlètes réclament de plus en plus «les mystérieuses pilules roses de Doc Ziegler». Ziegler lui-même prescrit seulement Dianabol à petites doses, mais les pousseurs de fonte voulant toujours plus dépassent largement ses recommandations.

John Bosley Ziegler, le parrain des stéroïdes malgré lui

John Bosley Zieger a importé les stéroïdes en Amérique et de ce fait dans le monde du sport. Il est le parrain des stéroïdes. Mais pour autant, Ziegler a été horrifié par cet excès, surtout quand il a examiné les utilisateurs de Dianabol et a trouvé des prostates élargies et des testicules atrophiés.

Ziegler est exaspéré par l’abus et l’usage irrationnel qui est fait du Dianabol. Il abandonne l’expérimentation avec les athlètes quand il a apprend que certains prennent 20 fois la dose recommandée de Dianabol et se mettent à développer une maladie du foie. Il se détache du York Barbell Club en 1967 et restera tourmenté par l’usage frénétique du Dianabol.

John Ziegler souffre d’une maladie cardiaque, qu’il attribue en partie à son expérimentation de stéroïdes. Il décède en 1983 d’une insuffisance cardiaque, probablement victime de sa propre invention. Il dira dans l’introduction à l’histoire de la drogue et des sports de Bob Goldman, Death in the Locker Room : «C’est déjà assez dur de devoir faire face à des toxicomanes, mais maintenant, les athlètes en bonne santé se retrouvent dans la même catégorie».

Ziegler a regretté l’introduction des stéroïdes anabolisants chez les athlètes. Il dira «J’aimerais revenir en arrière et retirer tout ce chapitre de ma vie».

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