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Nidhim Kochhar, un exemple de combativité

Nidhim Kochhar est un athlète qui inspire le respect par son parcours sportif et son mental de guerrier. Il participa au Challenge TNT Deadlift 2016 et on a été présents pour le soutenir et l’encourager de toutes nos forces.

Voilà l’interview qu’il nous a accordé avant le Challenge.

De gros à athlétique

Nidhim, peux-tu te présenter et décrire ton parcours sportif ? 

Mon parcours sportif a commencé assez tard, vers mes 16 ans, avant cela j’étais toujours ancré derrière mon ordinateur ou mes jeux vidéo. Un jour, je voulais attacher mes lacets et mon ventre me bloquait et là j’ai décidé de me prendre en main. Un ami à mon père, qui avait perdu beaucoup de poids, m’a simplement dit : Transpire une heure par jour et mange moins.

Ainsi, j’ai commencé à faire du cardio tous les jours et à réduire les portions de mes plats habituels. Au fur et à mesure, j’y ai pris goût. J’ai commencé à faire des tractions et pompes à la maison en me préparant pour mon service militaire.

Une année après, je pesais environ 40 kg de moins et à mon retour de service militaire, je ne faisais que 53 kg. Même si je ne suis pas très grand (1m68) c’est assez léger !

Athlétique et sportif, j’étais quand même gringalet. Voulant prendre un peu de masse, j’ai commencé le fitness et j’ai accroché après ma première séance. Je me suis investi, engagé un préparateur, changé de carrière en tant que Personal Trainer. Ma vie tournait autour du fitness.

nidhim kochhar

Je me suis alors préparé pour des compétitions de Bodybuilding, ce qui n’était pas toujours facile entre gérer ma petite salle de Personal Training, mon autre travail dans les compléments alimentaires et une vie sociale active. Mais quand on veut on peut ! Ainsi, j’ai obtenu une troisième place dans la Fédération WABBA chez les juniors.

Puis l’accident…

Par la suite, j’ai perdu ma jambe et la mobilité de mon pied droit, sans compter 20-25kg de masse musculaire. Des soucis avec ma guérison m’ont laissé avec une jambe sans prothèse, pendant des mois, mais je ne me suis pas découragé !

Entraînement, diète, cardio, j’ai tout repris en sortant de l’hôpital, même à une jambe, et j’ai réussi à reprendre ma masse musculaire. J’ai décidé de remonter sur scène, en Mai comme Men’s Physique à Bodypower en Angleterre. Je voulais réussir, têtu comme je suis, à remonter sur scène en moins d’un an après mon accident. Je ne sais pas ce que ça va donner, mais je suis impatient de me représenter en tant qu’athlète ! Et au final, mieux vaut essayer et échouer que ne jamais essayer. 

Dans quelle circonstance as-tu perdu l’usage de ta jambe ? 

J’ai eu un accident de moto, environ un mois après une compétition, une voiture m’a coupé la route en tournant devant moi. N’ayant pas le temps, ni les distances nécessaires pour freiner, j’ai tenté une manœuvre d’évitement. Hélas j’ai tapé l’avant de la voiture. Le choc m’a propulsé en l’air, j’allais tomber sur la nuque, mais j’ai réussi à tourner pour me sauver. Cependant, ma jambe gauche s’est écrasé en premier, ce qui m’a cassé la jambe du fémur, genou, tibia, jusqu’au pied.

J’étais conscient, j’ai saisi ma jambe et constaté qu’elle partait dans tous les sens, les os sortaient à plusieurs endroits. On m’a fait un garrot sur place, en attendant les secours. Il semblait que mon dos, bassins, etc… étaient intacts.

Le choix de l’amputation pour continuer à faire du sport

En me réveillant à l’hôpital après l’arrivée de l’ambulance, les médecins m’ont annoncé que le pied était en trop nombreux morceaux et que si je voulais refaire du sport un jour, j’avais meilleur temps d’amputer. Je n’ai pas hésité longtemps, peut-être étais-ce l’influence de la morphine, mais dès que j’ai entendu le mot « sport », ma décision a été assez rapide. Puis je savais qu’il y avait plein d?athlètes incroyables qui sont amputés, je me suis dit que bêtement je ferai de mon mieux et ainsi partie de ces personnes.

Dans les jours qui ont suivi, en attendant l’amputation, j’ai beaucoup de sang qui a stagné dans mon autre pied, ce qui a détruit mes nerfs, tendons et muscles. Ainsi, ils ont dû enlever 70% de mes muscles releveurs, ce qui me laisse avec un pied tombant et je n’arrive pas à bouger les orteils ou lever mon pied. L’autre côté, logiquement, il n’y a plus rien, sous le genou.

L’avantage d’avoir un seul pied avec des nerfs endommagés, c’est que je ne le sens plus trop. Le pied amputé… lui… je ne le sens pas !

Je n’ai plus le soucis des chaussettes mouillées inconfortables quand on marche sous la pluie ou les pieds froids ! Mais ça me manque quand même de ne plus pouvoir me gratter un pied avec l’autre dans mon lit.

« on est handicapé que par son mental »

Quels sont les handicaps auxquels tu dois faire face aujourd’hui ? 

Je suis de l’avis que l’on est handicapé que par son mental. Il n’y a rien que je ne puisse plus faire. Il y a des choses embêtantes comme aller aux toilettes pendant la nuit avec des béquilles, ou enfiler des pantalons, changer de chaussures sur ma prothèse, etc. Mais j’ai rarement eu un moment où je me suis dit : « Ça, je n’y arriverai pas ». 

Tu es un exemple pour beaucoup, en tout cas, nous sommes admiratifs, ta combativité est inspirante. Alors que beaucoup auraient baissé les bras, toi tu performes ! Quelle est ta source de motivation ? 

Inspiration je ne sais pas, si j’aide des personnes à se motiver par mon image, j’en suis très heureux. J’avais pensé à continuer le fitness, mais pas en tant que compétiteur. Cependant, dès que j’ai remis les pieds à la salle, ma passion est revenue et je me suis dit que je voulais montrer aux gens que l’on peut toujours réussir, peu importe ce qui nous arrive.

Se donner les moyens de réussir, pas d’excuses !

Ça a toujours été ma mentalité, de vouloir montrer à tout le monde que si on veut atteindre un but, un corps, on peut. Je suis passé par plein de stades : surpoids excessif, maigre, sportif, bodybuilder, amputé. Au final, si on veut réussir, il faut s’en donner les moyens.

J’ai toujours fonctionné en me mettant des objectifs à court et moyen termes, et un gros but à long terme. Au fur et à mesure, j’atteins mes objectifs et ma motivation reste à 200%.

Honnêtement, je ne peux pas pointer du doigt et dire « voilà, c’est ça ma motivation ». Je pense que c’est un mélange de ma passion, mon passé, ma volonté de vouloir me prouver des choses, qui m’ont poussé et me poussent toujours. 

Au final je ne veux pas vivre sans pouvoir vivre ma passion ! je suis têtu, je n’arrêterai pas mon sport. 

L’adaptation de l’entraînement pour progresser à nouveau

Ton approche de l’entrainement diffère-t-elle aujourd’hui de celle que tu avais avant l’accident ?

Les premiers 4-5 mois étaient très différents, je m’entraînais avec une seule jambe, donc l’équilibre, les mouvements, rester debout… étaient difficiles.

Je n’utilisais plus la barre guidée et les bancs, sans compter que j’avais le tendon de mon épaule droite partiellement déchiré, donc je ne pouvais pas pousser aussi lourd que j’aurai voulu.

Maintenant avec la prothèse, j’ai aussi des difficultés : pour les squats par exemple, je favorise les leg press, mes deadlifts sont surtout jambes tendues dû à des problèmes de genou. Je favorise les mouvements assis où quelques machines à la place des mouvements libres traditionnels. Pour les mouvements comme les rowings, je mets plus le poids sur ma jambe forte. Le cardio aussi est différent, j’ai la jambe qui s’irrite généralement après 45 minutes, peut-être que cela changera dans le futur, l’accident étant assez récent.

Je m’adapte en faisant plusieurs séances de cardio plus courtes. Au final, c’est un sport assez flexible, il y a plein de méthodes pour avoir des grosses jambes ou bras, il suffit de trouver laquelle nous correspond le plus !

nidhim accident

Nidhim Kochhar au Challenge TNT Deadlift

Tu as décidé de participer au Challenge TNT Deadlift 2016. On est fiers de te compter parmi nous. Peux-tu nous dire quel est le challenge que tu te fixes pour cette édition ? 

J’ai fait un entraînement squats avec Fred Raoul Barman, et je lui ai dit que quand j’aurai ma prothèse, je me remettrai au deadlift et on refera une séance. Il m’a parlé du Challenge TNT Deadlift et je me suis dit « c’est parfait, je vais faire ça ! ».

Je ne sais pas trop comment je vais évoluer niveau force, technique, etc… mais je vise au moins 140kg comme deadlift, ce qui ferait plus ou moins 2x mon poids de corps. Récemment, j’ai réussi 1 rep à 140kg, donc qui sait ! Je vais m’entraîner jusqu’au challenge et je ferai de mon mieux ! Je ne vais pas faire de record, donc mon challenge primaire est de montrer à tout le monde qu’on a pas d’excuses ! 

Le 22 juin c’était mon amputation, donc le Challenge tombe 1 an et 3 jours après mon amputation, si j’arrive au Deadlift, tout le monde peut le faire ! Après tout, Real men deadlift.

Impressionnant Nidhim Kochhar au Challenge TNT Deadlift 2016

Crédits Photos Nidhim : Robert Hradil, Monika Majer / ProStudio22.ch et Jy hell.

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